Le monde évolue extrêmement vite notamment en ce qui concerne nos modes de communication relationnelle, notre façon de consommer, ainsi que le travail et ses organisations. Or l’activité professionnelle a généralement une grande place dans notre vie occidentale : investissement en temps, en énergie, en préoccupations mentales, parfois physique, sans parler des technologies d’information et de communication (mail, téléphone portable, application de reporting, géo localisation, …) qui débordent parfois sur la sphère de vie personnelle. Nous pouvons alors facilement percevoir l’influence que peut avoir le travail sur la vie globale. La façon dont cela est vécu peut impacter l’état de santé tant pour des effets bénéfiques que délétères. En effet, certains contextes de travail confrontent parfois à un manque d’autonomie, peu de soutien possible entre les salariés, carence en reconnaissance, ordres contradictoires, … induisant du stress ou des conflits et la souffrance au travail peut s’installer. Nous parlons ainsi de risques psychosociaux.
Les risques psychosociaux
Le Collège d’expertise sur le suivi des risques psychosociaux au travail définit en 2011 les risques psychosociaux comme des :
« Risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental».
Nous comprenons donc qu’il existe des facteurs de risques qui peuvent avoir un impact sur la santé psychique, le corps et la dimension sociale également. Ces facteurs de risques peuvent être détaillés en six catégories suivantes :
- L’intensité du travail et le temps de travail
- Les exigences émotionnelles
- Le manque d’autonomie
- La mauvaise qualité des rapports sociaux au travail
- La souffrance éthique
- Insécurité des situations de travail
Lorsque l’environnement de travail présente un ou plusieurs de ces facteurs, il existe un risque d’apparition d’effets voire de troubles psychosociaux, tels que : du stress, des conflits, un syndrome d’épuisement professionnel (burn out), une addiction, …
Définition du syndrome d’épuisement professionnel (SEP ou burn-out)
Initialement, le burn-out était repéré comme un syndrome qui concernait essentiellement les professionnels de la relation d’aide (professions médicales, travailleurs sociaux, enseignants, … ). Cette particularité était liée à un fort investissement émotionnel et une difficulté à résoudre les problématiques des personnes accompagnées dans le contexte donné. Aujourd’hui, ce type de souffrance est bien plus étendu et peut concerner toute personne au travail. Le déséquilibre entre les exigences fortes du professionnel et des marges de manœuvre et moyens faibles pour réaliser l’activité de travail est central dans l’installation de l’épuisement du professionnel.
Le burn-out peut être définit en trois dimensions principales (FREUDENBERGER, 1974; MASLACH et JACKSON 1981)
– Epuisement émotionnel : sentiment d’être « vidé » ou exténué par le travail.
– Désinvestissement relationnel : déshumanisation ou dépersonnalisation de la relation, générant des réactions d’indifférence.
– Réduction de l’accomplissement personnel : dévalorisation de ses compétences et perte de l’estime de soi.
Les facteurs impliqués dans l’apparition du syndrome d’épuisement professionnel
Facteurs de risques – Organisation et situation de travail :
– Travail organisé dans l’urgence, sans objectifs clairs
– Mise en avant de la quantité – rentabilité au détriment de la qualité du travail
– Mise en concurrence, déclin des collectifs de travail (peu de soutien social)
– Changements successifs, récurrents, sans accompagnement, disqualifiant l’existant
– Idéologies défensives de l’encadrement : déni du réel du travail, des limites, des dysfonctionnements, …
– Activités impliquant de fortes sollicitations mentales, émotionnelles et affectives
– Postes à fortes responsabilités
– Objectifs difficiles, voire impossibles à atteindre
– Déséquilibre entre les tâches à réaliser et les moyens humains, matériel et financier
– …
Exemples de facteurs de risques – Individuels :
– Exigences personnelles fortes, idéaux de performance et de réussite
– Difficulté à dire non ou à renoncer
– Absence de discernement entre l’identité professionnelle et personnelle
– Absence d’autre centre d’intérêt que l’activité professionnelle
– Fuir les autres sphères de vie en se réfugiant dans le travail
– …
Que faire pour prévenir l’épuisement professionnel et retrouver son équilibre de vie ?
C’est une problématique existante, difficile et lourde à vivre, et vous avez le droit de l’exprimer pour sortir de cette situation et choisir un autre possible. Parlez du contexte auquel vous êtes confronté et la façon dont vous le vivez en vous entourant de personnes ressources. Vous pourrez agir en votre faveur, retrouver votre pouvoir d’agir pour la préservation de votre santé.
C’est essentiel !
Vous pouvez être conseillé, aidé et accompagné pour repérer les leviers d’action et être soutenu dans leur mise en œuvre.
Voici ici quelques exemples d’axes de prévention à adapter en fonction de la situation singulière à laquelle vous êtes confrontée et du niveau de souffrance vécue :
- Recherchez du soutien et du conseil auprès des instances internes ou en lien avec l’entreprise : responsable hiérarchique, responsable des ressources humaines, médecin du travail et son équipe pluridisciplinaire (Service de santé au travail), délégué du personnel ou syndicat, comité d’hygiène et de sécurité pour les conditions de travail (CHSCT). Mais aussi auprès : de votre médecin traitant, psychologue, thérapeutes, …
- Reconnectez-vous à vous-même, réapprendre à se connaître et se reconnaître, repérer ses besoins, ses limites et les demandes à formuler ou décisions à prendre pour se préserver.
- Privilégiez les temps de récupération autant que possible dans votre quotidien : manger dans le calme, méditation de pleine conscience, repos (sieste, qualité et quantité de sommeil suffisante, …). Il est essentiel de prendre soin de votre sommeil.
- Accueillez les bons moments de convivialité et de créativité qui vont sont offerts ou que vous pouvez imaginer et instaurer.
- Bénéficiez du droit à la déconnexion en dehors du temps de travail concernant les technologies d’information et de communication (téléphone, ordinateur, mails, …) afin de profiter de votre temps personnel comme bon vous semble.
- Rappelez-vous que vous êtes très certainement plusieurs à vivre cette même situation, vous n’êtes pas seul et vous pouvez être aidés.
Et vous, que feriez-vous pour vous préserver et favoriser votre qualité de vie ?